Lors du referedum sur la constitution européenne du 29 mai 2005, les nonistes avançaient de nombreux arguments plus ou moins inventés, notamment le risque d'abolition du droit à l'avortement parceque l'article II-62 stipulait que "chacun a droit à la vie" et que cette phrase est le mot d'ordre des mouvements anti-avortement. Las, à la lecture du dernier livre de J.E. Stiglitz, une autre interprétation de cette phrase parait évidente et montre que les tenants de "l'anti-liberalisme" n'ont fait que se replier sur eux-même (leurs acquis sociaux) par peur de construire l'avenir, une tà¢che qui doit leur être trop ardue.
En effet, parmis les innombrables propos anti-européens, la mention du droit à la vie était la seule qui reposait sur un point de vue pragmatique: la revendication des mouvement anti-avortement. Parallèlement, on a même pu lire, ou entendre, des extrapolations qui affirmaient que le traité européen remettait en cause l'interdiction de la peine de mort (exemple lu dans Le Monde, provenant d'un architecte lyonnais). Globalement, mon point de vue la-dessus, c'est qu'une bonne partie de la population n'a pas lu le traité et s'est fait berner (manipuler) par les "rentiers de la contestations" (DSK) qui ont provoqué une extrapolation d'un monde effrayant qui correspond à une peur du changement, car l'article II-62 stipule : "Chacun à le droit à la vie. Nul ne peut être condamné à mort ni executé". Cette peur correspond au manque de confiance dans les acteurs européens et considère que le mal ne peut venir que de l'extérieur. C'est donc de la xénophobie et ce repli ultra-nationaliste est bien vérifié par la montée des extrêmes, des discours simplistes et des actes racistes : attitude anti-étrangers de M. Sarkozy, émeutes des banlieues parisienne. D'ailleurs, ces mouvements qui se définissent uniquement contre un mot illustrent bien l'absence d'idées et de programmes et montre la volonté d'exploiter cette peur qui devient une composante quotidienne : gauche anti-libérale, gauche du non etc.
Le droit à la vie regroupe donc, selon wikipédia, les revendications regroupant le meurtre d'une manière générale, la peine de mort, l'interruption volontaire de grossesse (pour ceux qui considèrent que le fÅ“tus est dès sa conception un être vivant à part entière), l'euthanasie, l'eugénisme, la guerre (par principe), le suicide. Bref, que des débat de société mélant d'innombrables aspects très sensibles (culturels, sociaux, religieux etc).
Or dans cette énumération, un aspect n'y figure pas et J.E. Stiglitz, l'amène gentiment sur le tapis lors de son plaidoyé pour humaniser le marché des médicaments, notamment envers le tiers-monde. Tout le monde se rappelle le tollé qu'avait provoqué l'Afrique Du Sud en 2001, lorsqu'elle avait décidé de produire des génériques anti-sida sans l'autorisation des détenteurs des brevets: les médicaments fournis par les pays industrialisés étaient trop cher pour les pays pauvres (10 400 $ / an / malade).
M. Stiglitz donc avance que "les problèmes fondamentaux [...] comme l'arbitrage entre les profits des firmes pharmaceutiques et le droit à la vie, sont facile à comprendre. Si la question de l'accès aux médicaments contre le sida était mise aux voix, dans les pays développés comme dans le monde en développement, l'écrasante majorité ne soutiendrait surement pas la position de l'industrie pharmaceutique et de l'administration Bush". (J.E. Stiglitz, Un Autre Monde p191)
Voila donc une nouvelle interprétation du "droit à la vie" - qu'il va falloir rajouter dans Wikipedia, et dont les tenants du monde plus social (autoproclamé, car dans les faits il n'y a rien - on attend toujours le plan B) aurait pu se servir pour améliorer le sort de millions de personnes, sans que ça ne coà»te un centimes à qui que ce soit. Mais pour cela il aurait fallu voir plus loin que sa chapelle et avoir les moyens d'appréhender un formidable défi qui consiste à faire vivre ensemble 450 millions de personnes et d'innombrables cultures (plus de 100 peuples).

Pour aller plus loin, cette réflexion amène sur le terrain de la limitation des marchés, notamment de ceux agissant sur des fondamentaux humains, comme les médicaments. M. Stiglitz propose au moins 2 choses:
  • 1 -une incitation fondée sur le marché: un fond de garantie qui s'engage à consacrer une forte somme pour l'achat d'un vaccin ou d'un traitement non-rentable sur le marché tel qu'il est aujourd'hui (la malaria n'intéresse pas les pays riche). Le problème c'est qu'elle ne change rien au problème du monopole. Les industries pharmaceutiques pourraient continuer à agir sur le marché (baisse de la production pour faire monter les prix).
  • 2 - Un fonds d'innovation qui encouragerait directement les recherches en médicaments bénéficiant aux pays en développements, ça leur apporterait une rentabilité.
  • Je m'enhardirais à proposer une autre action en faveur d'une meilleure règlementation du marché du médicament qui viendrait palier au problème de monopole de la première proposition:
  • 3 - A l'image du droit américain qui interdit aux banques de faire de l'assurance - tous les contribuables français sont au courant de cette loi; les pays industrialisés (ou au moins l'Europe) pourraient séparer la recherche de la production. Ainsi les labos de recherche détiendraient les brevets et la production serait libre en contrepartie du paiement de la licence. Cette dernière pourrait être variable suivant le pays qui la produit en contrepartie de l'assurance de la limitation géographique de la diffusion, et donc partiellement financée par le fonds de garantie de la première proposition de M. Stiglitz.

    Note: Joseph Stiglitz est prix nobel d'économie 2001 , ancien économiste en chef et ancien vice-président de la banque mondiale (1997-2000) et ancien conseiller économique du président Clinton; ce qui n'est pas rien quand même.

    Re-note : la traduction du livre est un peu légère: contre-sens, phrases bancales et style parfois lourdingue.


    Fuzz

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